Nous ressentons aujourd'hui le besoin de vous raconter une belle histoire. Le Liban en a bien besoin et les libanais qui ont vécu ce drame sans nom il y a quelques semaines seront tout à la fois réjouis et étonnés par cette tranche de vie.
Un petit miracle libanais
A l'automne dernier, à l'occasion de “Beyrouth Art Fair, un sublime tableau – «Piccadilly» - du grand artiste libanais Ayman Baalbaki trônait avec quelqu’arrogance à l'entrée de la foire. Cette toile interpellait par ses couleurs vives et véhiculait toute une charge symbolique pour qui avait connu le cinéma Piccadilly à Beyrouth dans les années 1960-70. Ces fauteuils vides, délabrés et ce cinéma en état de décomposition – jadis symbole d’un Liban ouvert et moderne - nous livraient un message éloquent.
Piccadilly
L'heureux propriétaire de “Piccadilly” proposa à l’issue de son achat d'exposer ce tableau dans les locaux d’une banque bien connue de Beyrouth en plein cœur de la ville. Ce qui fut exécuté les jours suivant la fin de la foire, non sans mal car il faut bien dire que ce tableau est monumental.
Le temps passa, les événements se précipitèrent, le 4 août funeste survint. Nul ne pensa à cette toile au milieu de ces événements dramatiques car les libanais furent proprement catastrophés par cette descente aux enfers de leur pays. Cependant, une communication du Directeur de cette banque au propriétaire de «Piccadilly» quelques jours plus tard devait lui annoncer que son tableau avait miraculeusement survécu, intact, en dépit des locaux bancaires qui furent totalement soufflés par l'explosion maudite. Une photo illustre les dégâts dans cet établissement.
Miraculé
Incrédule, tout le monde se posait dès lors cette question et tentait de percer ce mystère : comment ce tableau avait-il pu être épargné alors que tout autour n'était que dévastation? Pourtant, «Piccadilly» trônait bel et bien toujours là, inamovible, inébranlable, en dépit de la dévastation globale environnante, malgré un centre-ville ravagé, au sein de locaux méconnaissables.
Décision fut dès lors prise de rapatrier ce tableau au sein de la galerie qui l’avait vendue à l’origine afin de le préserver de la poussière et des nuisances qui seraient occasionnées lors du nettoyage et de la réparation de ces locaux. Là, un problème épineux fut soulevé par le patron de cette galerie qui avertit qu’il serait compliqué de sortir «Piccadilly» qui, au vu de sa taille, avait nécessité l’enlèvement de la porte principale de la banque pendant toute une journée pour son installation! Faisant part de cette problématique au Directeur de la banque, celui-ci répondit sur un ton mi-résigné mi plaisantin: “ mais il n'y a plus de porte…”. Et c’est là que fut réellement prise la mesure de ce petit miracle d’un tableau qui s'était maintenu contre vents et marées, qui avait fièrement passé le cap.
Aujourd'hui, ce tableau a été enlevé de sa demeure provisoire et été rapatrié en toute sécurité dans la galerie.
Symbole
Vous le constatez : «Piccadilly» est plus que jamais parmi nous, comme si Ayman Baalbaki venait de lui donner sa touche finale. Son air est toujours aussi altier: c’est comme s’il nous narguait par son envie de vivre.
Il ne s'agit là que de matériel mais nous avons décidé aujourd'hui de partager avec vous cette histoire car nous y voyons - et ça saute aux yeux - un symbole puissant.
Comprenne qui pourra, et agisse qui voudra.
Votre team de l'Hôtel Quartier Suisse
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